Les anglophones du Québec commes victimes – la version de Richard Bourhis
L’argument de Bourhis
Les anglophones du Québec sont victimes de discrimination et devraient être inclus dans le programme d’équité en matière d’emploi de la province au même titre que les femmes, les minorités visibles et ethniques, les peuples autochtones et les personnes handicapées, affirme Richard Bourhis, psychologue universitaire et défenseur anglophone de longue date, dans un article de Andy Riga paru dans The Gazette.
Bien que les anglophones de langue maternelle représentent environ 10 % de la population du Québec, ils ne représentent que 1 % des employés du gouvernement provincial.
La communauté anglophone doit se mobiliser et montrer qu’« elle sera mieux intégrée à la société québécoise si elle est plus nombreuse dans l’administration publique », a-t-il déclaré.
Bourhis a souligné que les candidats aux emplois gouvernementaux du Québec doivent détenir des qualifications professionnelles, notamment la maîtrise du français. Ce n’est pas un problème, a-t-il ajouté, soulignant que 71 % des anglophones de langue maternelle sont bilingues français-anglais. Il affirme que les anglophones pauvres (il utilise des données sur le revenu médian) sont victimes de linguisme – une discrimination fondée sur la langue.
La réalité – le bilinguisme
Bourhis rejette le manque de maîtrise du français. Comment ? Il utilise un chiffre de bilinguisme de 71% qui est un faux chiffre inventé par Statistique Canada. Il suffit pour cela qu'une personne soit capable de tenir une courte conversation en français.
D'abord, ce chiffre suggère que 29% des anglophones ne peuvent même pas tenir une courte conversation en français, un chiffre lamentable en soi. Ensuite, le chiffre de 71% diminue considérablement si vous exigez que la personne soit capable de :
- tenir une longue conversation en français
- écrire en français
- lire en français
- penser en français.
Le faux bilinguisme n'a aucune corrélation avec la capacité de maîtriser et de travailler en français. Pire, il n'est pas suffisant pour motiver les anglophones à vouloir travailler en français pour un patron francophone.
Principe de sélection fondé sur le mérite ignoré
La Loi sur les langues officielles (art. 39) stipule que l'égalité des chances pour les anglophones et les francophones d'obtenir un emploi au niveau fédéral ne déroge PAS au principe de sélection du personnel selon le mérite.
Nous supposons que Bourhis accepte que l'établissement du français comme langue de travail au Québec n'est pas discriminatoire à l'égard des anglophones (étonnamment, le libéral Pablo Rodriguez a déclaré que c'était le cas) et constitue une exigence de compétence de bonne foi.
Pourtant, Bourhis semble toujours vouloir supprimer l'exigence du principe du mérite pour la fonction publique québécoise. Ceci est censé être un progrès ?
Argument du revenu inférieur mal-fondé
Bourhis présente des données de 2021 montrant que, par rapport aux francophones, les anglophones sont défavorisés économiquement : le revenu médian des anglophones est de 32 000 $, contre 37 200 $ pour les francophones.
La réalité est que le revenu moyen est PLUS ÉLEVÉ pour les anglophones. Quoi de neuf ? La communauté anglophone est beaucoup plus inégalitaire que les francos, elle compte donc un plus petit nombre de très riches personnes et un plus grand nombre de pauvres. Ce n'est PAS la faute des francos. Cela existe depuis que le Québec était une colonie anglaise, comme le savent les irlandais, qui sont traditionnellement au bas de la pyramide.
Bourhis blâme les mauvaises personnes. En tant que porte-parole de la communauté anglophone, il devrait savoir mieux.
Il faut faire quelque chose, mais quoi ?
Bourhis dit que la communauté anglophone doit se mobiliser (pour faire quoi n'est PAS indiqué), mais ignore complètement le problème fondamental.
Le Québec est une société francophone, donc tout comme n'importe qui, ailleurs en Amérique du Nord, doit fréquenter l'école en anglais pour maîtriser la langue, les anglophones du Québec devraient faire ce qui est nécessaire pour MAÎTRISER le français.
À mon avis, cela signifie être capable d'écrire et de réussir tous les examens du secondaire en français pour obtenir son diplôme. Malheureusement, peu de parents anglophones le font en envoyant leurs enfants à l'école française (une exception sont les parents du ministre fédéral Marc Miller, bravo à eux).
Pourquoi pas ?
La majorité anglophone du reste du Canada a adopté un amendement constitutionnel en 1982 créant de toutes pièces un droit constitutionnel pour les parents anglophones du Québec pour envoyer leurs enfants à l'école en anglais. Au fait, le Québec n'a jamais consenti à cet amendement. Pour savoir pourquoi cet amendement n'a jamais eu de sens, voir ici. Pour le moment, nous sommes coincés dans la constitution actuelle qui crée des systèmes scolaires publics séparés.
L’autre solution serait que le gouvernement du Québec exige que les élèves du système scolaire anglophone écrivent et réussissent tous les examens du secondaire en français et en anglais pour obtenir leur diplôme. Je ne vais pas attendre que M. Bourhis défende cette idée.
Conclusion
Cet article fait partie d’une longue liste de textes qui dépeignent les anglophones comme des victimes. Cela n’aide pas. La Gazette devrait équilibrer la publication d’articles sur les victimes par d’autres articles avec un autre point de vue. Malheureusement, un média détenu et contrôlé par Toronto a du mal à le faire.
Documents, liens, images et vidéos utiles
Marc Ryan
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