Introduction
Le français serait-il en déclin au Québec- oui ou non?
L'OQLF examine régulièrement l'état du français au Québec. Un Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec publié en 2024 de l'OQLF révèle de nombreux points négatifs en ce qui concerne la vitalité du français au Québec.
Voici des extraits du rapport qui résument de nombreux cas de manque de vitalité sinon de déclin du français au Québec dans les secteurs suivants: le monde de travail; de la démographie en général; le déclin du français parlé à la maison au profit de l'anglais; du degré d'assimilation vers l'anglais; du système d'éducation; et de la non-maitrise du français par les anglophones.
Pour consulter le rapport, voir: CEGEPs Bilinguisme Déclin du français Portrait linguistique Langue
de travail Langue à la maison Séjours temporaires Transferts
linguistiques Universités Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec 2024 OQLF
Langue de travail,déclin du français parmi les jeunes
Au Québec, les personnes de 18 à 34 ans sont proportionnellement plus nombreuses que leurs aînés à connaître la langue anglaise, et le tiers d’entre elles disent préférer travailler à la fois en français et en anglais ou uniquement en anglais, ou n’ont tout simplement aucune préférence quant à leur langue de travail....En une douzaine d’années, il y a eu une diminution de la part des travailleuses et travailleurs de 18 à 34 ans déclarant utiliser le français durant au moins 90 % de leur temps de travail. Cette part est passée de 64 % en 2010 à 58 % en 2023...il est possible, dans les années à venir, que le niveau d’utilisation du français au travail ne soit plus le même que celui observé en 2023...Lors du sondage de 2022 sur l’usage des langues dans l’espace public, la proportion de personnes déclarant utiliser le plus souvent le français à l’extérieur de la maison était plus faible parmi les personnes de 18 à 34 ans (74 %) que parmi celles de 35 à 69 ans (79 %) ou de 70 ans et plus (84 %). Les personnes de 18 à 34 ans constituaient le groupe d’âge au sein duquel la proportion de personnes utilisant à égalité le français et l’anglais était la plus grande (16 %).
Déclin démographique du Québec
Le poids démographique du Québec dans le Canada a diminué un peu depuis 2016 (23,2 %). La tendance observée est d’ailleurs celle d’une diminution continue au cours des 40 dernières années. Ce poids démographique était, à titre d’exemple, de 27,1 % en 1976 (voir le graphique 1)...Dans tous les scénarios examinés, le poids des personnes de langue française (qu’il s’agisse de la langue maternelle52 ou de la langue parlée le plus souvent à la maison53) continuera à diminuer jusqu’en 2036 (horizon le plus lointain des projections faites dans l’étude).
Loi 101- l'admission d'étudiants en séjours temporaires en hausse majeure
Pour chaque deux étudiants admis dans le réseau scolaire anglophone en vertu des études scolaires des parents, il y a un étudiant admis en invoquant un séjour temporaire au Québec.
Depuis une vingtaine d’années, il y a diminution du nombre et de la proportion d’élèves du primaire et du secondaire qui sont déclarés admissibles à l’enseignement en anglais en vertu des critères inscrits dans la Charte et dans ses règlements d’application. En 2021, la proportion d’élèves admissibles, soit 9,5 % de l’effectif scolaire québécois, était à son plus bas en 35 ans. Toutefois, parmi les autorisations accordées, le nombre de celles qui le sont en vertu d’un séjour temporaire de l’élève au Québec est en augmentation depuis les années 1990. En fait, les séjours temporaires au Québec justifiaient 26 % des autorisations accordées en 2021-2022 comparativement à 6 % 20 ans auparavant... Depuis les trente dernières années, on peut voir un changement dans les dispositions le plus souvent invoquées pour l’obtention de telles autorisations. Il y a ainsi eu une augmentation des autorisations particulières pour les élèves résidant temporairement au Québec. Au cours de la période allant de 1990 à 2000, les autorisations de ce type ne représentaient en moyenne que 4,6 % des déclarations d’admissibilité à l’enseignement en anglais, alors que, durant la période de 2011 à 2021, leur proportion est passée à 21,7 %. Entre ces deux périodes, le nombre annuel moyen de ces autorisations est passé de 635 à 2 851; il a donc quadruplé. L’augmentation du nombre de résidentes et de résidents non permanents au Québec61 et aussi la diminution du nombre de personnes appartenant aux autres catégories d’ayants droit à l’enseignement en anglais expliquent sans doute ce changement. En fait, les séjours temporaires au Québec constituent maintenant la deuxième raison, derrière les études primaires de l’un des parents en anglais au Canada, pour qu’un enfant obtienne l’admissibilité à l’enseignement en anglais. Parmi les déclarations d’admissibilité accordées en 2021-2022, 56,5 % l’ont été en vertu de la disposition relative aux études primaires d’un parent faites en anglais au Canada et 25,6 %, en vertu de la disposition relative à un séjour temporaire au Québec.
Francophones aus CEGEP's anglophone en hausse
La proportion de diplômés des écoles secondaires francophones qui optent pour un CEGEP anglophone a augmenté de presque 40% en 10 ans.
on observe un attrait grandissant, parmi les jeunes scolarisés en français au secondaire, à poursuivre leurs études en anglais plutôt qu’en français au collégial. Sur l’île de Montréal, parmi les personnes nouvellement inscrites au collégial venant du secondaire en français, la part de celles qui ont opté pour un collège anglophone est passée de 18 % à 25 % entre 2011 et 2021. Ailleurs au Québec, cette part est passée de 3,1 % à 5,5 %.
30% des anglophones ne peuvent tenir une courte conversation en français
la part de la population québécoise connaissant suffisamment le français pour soutenir une conversation est élevée. Bien qu’elle soit relativement stable depuis 30 ans, cette proportion a toutefois diminué entre les recensements de 2016 et de 2021 (elle est passée de 95 % à 94 %). En fait, la part de personnes se déclarant capables de soutenir une conversation en français a diminué parmi les anglophones (passant de 72 % à 70 %) et les allophones (passant de 67 % à 65 %)...la proportion d’individus connaissant assez le français pour soutenir une conversation, qui était de 94 % dans l’ensemble de la population québécoise en 2021, n’était que de 76 % parmi les immigrantes et immigrants récents et de 68 % parmi les résidentes et résidents non permanents...Alors qu’en 2021, près de la moitié des Québécoises et Québécois se déclaraient capables de soutenir une conversation autant en français qu’en anglais, c’était le cas de moins de 10 % de la population dans le reste du Canada (voir la carte 2).
Deux-tiers des anglophones travaillent principalement en anglais
Au Québec, entre les deux derniers recensements, la part de personnes utilisant le plus souvent le français au travail a légèrement diminué (s’établissant à 80 % en 2021) au profit de la part de personnes utilisant le plus souvent l’anglais (14 % en 2021). Il s’agit du prolongement d’une tendance, puisque la part de personnes travaillant principalement en français a diminué à chaque recensement après celui de 2006...parmi les travailleuses et travailleurs québécois, entre les deux derniers recensements, la part de francophones a diminué10 et, aussi, que la part de personnes connaissant l’anglais a augmenté, alors qu’au contraire la part de personnes connaissant le français a légèrement diminué11. Ces facteurs peuvent avoir influé sur la diminution de l’utilisation du français en milieu de travail...les diminutions enregistrées dans la couronne de Montréal et dans la RMR de Gatineau ont été plus marquées qu’ailleurs au Québec. Dans la RMR de Gatineau, la part des travailleuses et des travailleurs utilisant principalement le français est passée de 77 % en 2016 à 62 % en 2021. Cette importante baisse trouve son explication dans le fait que le nombre de personnes travaillant principalement en anglais a beaucoup augmenté dans cette région. Dans la couronne de Montréal, la part des travailleuses et des travailleurs utilisant principalement le français est passée de 86 % à 83 %...La proportion de personnes travaillant le plus souvent en anglais est de 26 % en ce qui concerne les personnes immigrantes et de 35 % en ce qui concerne les résidentes et résidents non permanents. Néanmoins, entre les deux derniers recensements, la part des personnes immigrantes (toutes années d’arrivée confondues) utilisant principalement le français au travail a augmenté (passant de 56 % à 62 %)... Parmi les anglophones (qui représentaient 11 % des travailleuses et travailleurs québécois en 2021), les deux tiers (64,7 %) utilisaient principalement l’anglais au travail, tandis que 22,5 % utilisaient principalement le français et 12,5 %, autant le français que l’anglais. Parmi les allophones (qui représentaient, en 2021, 7 % des travailleuses et travailleurs québécois96), 50,3 % utilisaient principalement le français au travail en 2021, un pourcentage plus élevé qu’en 2016 (46,4 %). Par ailleurs, 33,1 % des allophones utilisaient principalement l’anglais au travail et 9,0 % utilisaient autant le français que l’anglais.
Francophones régulièrement incapables de se faire servir en français
Sur l’île de Montréal, dans 90 % des cas, le service est donné en français par le personnel à la suite d’une question posée en français par la cliente ou le client. Dans 7 % des cas, la cliente ou le client doit plutôt demander explicitement le service en français pour l’obtenir. Enfin, dans 2,6 % des cas, il n’est tout simplement pas possible d’obtenir un service en français....une part des consommatrices et des consommateurs se sentent tout de même occasionnellement incapables de se faire servir en français. Dans une étude de l’Office réalisée en 2022, le quart des personnes sondées (24 %) ont déclaré qu’il leur était déjà arrivé, dans les six mois précédents, d’avoir été incapables de se faire servir en français dans un commerce du Québec. Cette proportion était plus élevée parmi les résidentes et les résidents des RMR de Montréal (31 %) et de Gatineau (32 %).
Déclin du français parlée à la maison
Entre les deux derniers recensements, soit ceux de 2016 et de 2021, il y a eu diminution, au sein de la population québécoise, de la part de personnes francophones, lesquelles sont définies comme les personnes qui parlent principalement le français à la maison. Il s’agit d’une tendance qui se poursuit, puisque l’on observe une diminution de cette part d’un recensement à l’autre depuis le recensement de 2006. Cette diminution de la part de francophones (part qui est passée de 81 % en 2016 à 79 % en 2021) a été accompagnée d’une augmentation des parts d’anglophones et d’allophones (parts qui sont respectivement passées de 10 % à 11 % et de 7 % à 8 %)5. En ce qui concerne la langue parlée le plus souvent à la maison, il existe des différences marquées entre certaines régions du Québec. Ainsi, dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Montréal et de Gatineau, les francophones représentent une part moins importante de la population (66 % pour Montréal et 73 % pour Gatineau en 2021) que dans le reste du Québec (94 %)16. La situation n’est pas nouvelle, mais on constate qu’entre les recensements de 2016 et de 2021, l’écart a augmenté entre ces deux RMR d’une part et le reste du Québec d’autre part...Le poids démographique des personnes parlant principalement le français à la maison a diminué, étant donné que le nombre de ces personnes a proportionnellement moins crû que celui des personnes associées aux trois autres groupes. En 2021, en ce qui concerne la langue parlée le plus souvent à la maison, la population du Québec se répartissait ainsi : • 78,9 % sont des personnes parlant le plus souvent le français (6 629 500 personnes), une proportion ayant diminué de 1,9 point par rapport à 2016 (80,8 %); 11,1 % sont des personnes parlant le plus souvent l’anglais (934 700 personnes), une proportion ayant augmenté de 0,7 point par rapport à 2016 (10,4 %)...la diminution de la part de personnes parlant principalement le français à la maison est une tendance en cours depuis 2001 et elle s’est accentuée entre 2016 et 2021... Entre 2016 et 2021, la proportion de personnes parlant principalement le français à la maison a diminué dans chacune des RMR du Québec. Cette diminution a cependant été plus prononcée sur l’île de Montréal, dans la couronne de Montréal et dans la RMR de Gatineau qu’ailleurs au Québec. • Sur l’île de Montréal, la proportion de personnes parlant le plus souvent le français à la maison est passée de 53,8 % à 51,2 % (-2,6 points). • Dans la couronne de Montréal, cette proportion est passée de 82,2 % à 79,1 % (-3,2 points).
Les substitutions linguistiques (transferts linguistiques) favorisent proportionnellement l'anglais
Les substitutions linguistiques contribuent à accroître davantage (toutes proportions gardées) la taille de la population anglophone que celle de la population francophone
Les données encadrées en rouge dans le tableau 1 montrent qu’il y avait, en 2021, plus de personnes de langue maternelle française qui parlaient principalement l’anglais à la maison (109 278 personnes29) que de personnes de langue maternelle anglaise qui parlaient principalement le français à la maison (65 919 personnes30). En fait, les substitutions linguistiques dont il est question ici contribuent à accroître davantage (toutes proportions gardées) la taille de la population anglophone que celle de la population francophone. Ainsi, en 2021, les 109 278 personnes de langue maternelle française ayant fait une substitution vers l’anglais représentaient 12 % de la population anglophone du Québec, alors que les 65 919 personnes de langue maternelle anglaise ayant fait une substitution vers le français ne représentaient que 1 % de la population francophone du Québec. Par ailleurs, la proportion des personnes de langue maternelle française ayant fait une substitution vers l’anglais a augmenté entre 2016 (1,5 %) et 2021 (1,7 %)... Parmi les personnes de langue maternelle autre nées au pays, la proportion de celles ayant fait, à un moment de leur vie, une substitution vers le français était moins grande (20,0 %) que la proportion de celles ayant fait une substitution vers l’anglais (31,6 %). • En ce qui concerne les personnes de langue maternelle autre ayant le statut d’immigrante ou d’immigrant, il en va autrement : la proportion de celles ayant fait, à un moment de leur vie, une substitution vers le français était plus grande (26,7 %) que la proportion de celles ayant fait une substitution vers l’anglais (13,8 %). (Toutefois, cette proportion de 26,7 % restait inférieure au poids démographique des francophones dans la population québécoise, qui était de 78,9 %.) • Parmi les personnes de langue maternelle autre ayant le statut de résidente ou de résident non permanent, il y avait en 2021 autant de personnes qui parlaient le plus souvent le français à la maison que de personnes qui parlaient le plus souvent l’anglais à la maison (15,9 % dans les deux cas). les principaux constats qui ressortent sont les suivants :1. Les substitutions relatives aux personnes de langue maternelle autre nées au pays, aux personnes de langue maternelle française et aux personnes de langue maternelle anglaise ont, globalement, davantage favorisé l’anglais que le français comme langue principale à la maison. 2. Les substitutions relatives aux personnes de langue maternelle autre ayant soit le statut d’immigrante ou d’immigrant, soit celui de résidente ou de résident non permanent ont été plus nombreuses vers le français33 que vers l’anglais.
Les universités francophones en arrachent
88% des anglophones du Québec et 85% des étudiants canadiens hors-Québec (y compris le quart des francophones ) fréquentent une université anglophone au Québec. Et la proportion de francophones canadiens hors Québec qui choisissent des universités anglophones au Québec est en hausse.
En 2021, 75,0 % des étudiantes et étudiants fréquentaient l’une des 15 universités francophones et 25,0 %, l’une des 3 universités anglophones. Sur une période de 19 ans, soit entre 2002 et 2021, ces parts respectives sont restées stables. Néanmoins, au sein de certains sous-groupes d’étudiantes et d’étudiants, la répartition entre les établissements francophones et anglophones a changé Ainsi, parmi les étudiantes et étudiants internationaux, la part de celles et de ceux fréquentant une université francophone a augmenté entre 2016 et 2021, passant de 57,7 % à 61,0 % (voir le graphique 11). Corollairement, la part de celles et de ceux fréquentant une université anglophone a diminué. Parmi les étudiantes et étudiants venant du reste du Canada, 15,7 % fréquentaient une université francophone en 2021, un pourcentage un peu plus élevé qu’en 2016 (13,8 %), mais moins élevé que dans les années 2000. En 2021, 84,3 % de ces étudiantes et étudiants fréquentaient une université anglophone (comparativement à 86,2 % en 2016). Notons que, dans le sous-groupe des universitaires venant du reste du Canada qui sont de langue maternelle française, 74,1 % fréquentaient une université francophone en 2021, alors que cette proportion était supérieure à 80 % jusqu’en 2006. Il semble que les universités anglophones du Québec exercent auprès des personnes de langue maternelle française vivant hors Québec un attrait plus grand qu’autrefois... Dans le sous-groupe des étudiantes et étudiants venant du Québec et étant de langue maternelle autre que le français ou l’anglais, la part de celles et de ceux fréquentant une université francophone a nettement augmenté entre 2002 et 2021, passant de 52,2 % à 68,3 %. Corollairement, la part de celles et de ceux fréquentant une université anglophone a diminué. • Dans le sous-groupe des étudiantes et étudiants venant du Québec et étant de langue maternelle anglaise, la part de celles et de ceux fréquentant une université francophone a aussi augmenté, passant de 5,9 % en 2002 à 11,4 % en 2021.
La motivation de parler le français des allophones excèdent celle des anglophones
Les allophones ne maitrisent pas plus français, mais parlent plus le français en public que les anglophones
Comme on peut s’y attendre, la grande majorité (90 %) des francophones sondés communiquaient le plus souvent en français dans l’espace public en 2022 (voir le graphique 14). En ce qui concerne les anglophones sondés, 43 % ont dit utiliser le plus souvent l’anglais, 31 %, le français et l’anglais à égalité et 25 %, le plus souvent le français. Notons qu’entre 2016 et 2022, la proportion des anglophones déclarant utiliser le plus souvent le français a augmenté, puisqu’elle est passée de 20 % à 25 %. En ce qui concerne les allophones sondés, 57 % d’entre eux ont dit utiliser le plus souvent le français dans l’espace public. Cette proportion est beaucoup plus élevée que ce que l’on observe chez les anglophones. Pourtant, selon les données du Recensement de 2021, la proportion de personnes maîtrisant suffisamment le français pour soutenir une conversation était assez semblable chez les anglophones (70 %) et chez les allophones (65 %)83.