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Article de fond

Le Commissaire aux langues officielles en visite au Québec - temps pour un nouveau CLO?

Marc Ryan

Introduction

Raymond Théberge, le Commissaire aux langues officielles en poste, a fait une incursion au Québec le 26 septembre, 2024 pour donner un discours devant le Quebec English School Board Association.

Rien de rassurant pour le français et les francophones du Québec.

Je vous explique pourquoi ce discours est si inquiétant, en citant le CLO, suivi de mes commentaires.

Une série d’occasions manquées.

C-13

La Loi sur les langues officielles a été amendé en 2023 par le PL-C-13, malgré l’opposition de divers groupes anglophones et du Commissaire aux langues officielles, pour reconnaitre la situation minoritaire de tous les francophones et du français au Canada, y compris au Québec, et le rôle de la Loi 101 pour les défendre.

La Loi modernisée reconnaît également la nécessité de protéger et de promouvoir le français, compte tenu de sa situation minoritaire au Canada et en Amérique du Nord, et propose une approche qui tient compte de cette réalitéSelon moi, il est tout à fait possible, voire souhaitable, d’appuyer les communautés d’expression anglaise du Québec tout en favorisant l’avenir du français dans la province. En effet, ces objectifs ne sont pas en opposition

Ceci est la seule mention de C-13 dans le discours du CLO.

On pourrait penser que le CLO serait venu au Québec pour expliquer les nouvelles démarches concrètes qu’il propose pour appuyer ce nouvel objectif de protection du français adopté par C-13. Mais non, il affirme ex cathedra que promouvoir le français peut se faire sans nuire à l’anglais. Est-ce-vrai? Par exemple, le gouvernement fédéral préconise deux langues officielles au Canada (et ainsi au Québec), en directe opposition avec la Loi 101.

En réalité le CLO, dans son discours, n’a pas identifié une seule nouvelle mesure pour favoriser le français au Québec, où demeurent 90% des francophones au Canada.

Quelle occasion manquée.

Les anglophones et la maitrise du français

Au Québec, les commissions scolaires anglophones ont l’importante mission d’outiller leurs élèves afin qu’ils puissent vivre et s’épanouir dans leur communauté et y contribuer. Cela passe en premier lieu par l’éducation dans la langue minoritaire, mais aussi en permettant aux élèves d’apprendre et de maîtriser le français.

Lisez bien ce texte. Il affirme la MISSION des écoles anglophones au Québec d’enseigner l’anglais aux étudiants anglophones, sans AUCUNE obligation de s’assurer que ceux-ci maitrisent réellement le français. Tout au plus on doit PERMETTRE d’apprendre le français. Ceci en 2024 au Québec, 50 ans après l’adoption du français comme la seule langue officielle au Québec.

Ailleurs nous avons proposé de supprimer l’application de l’article 23 de la Charte fédérale au Québec à cause de ce refus du système scolaire anglophone d’exiger une réelle maitrise du français; voir Mémoire de Bonjour Merci Québec au gouvernement: Pour une réelle maitrise du français par tous les étudiants au Québec- Un projet d’amendement à l’article 59 de la Loi constitutionnelle de 1982. Ce discours nous confirme qu’un changement linguistique constitutionnel est nécessaire.

Occasion manquée no. 2.

Le financement universitaire

Les universités anglophones de la province constituent une richesse et une ressource précieuse. Les talents qu’elles attirent de partout au monde et la présence d’institutions de recherche de pointe sur leurs campus contribuent à la vitalité économique et culturelle du Québec. Comme vous le savez, cette situation complexe est portée devant la Cour supérieure du Québec. Je continuerai à la suivre de près, dans l’espoir que la décision de la Cour contribue à clarifier et à protéger les droits en matière de langues officielle.

Un débat fait rage présentement au Québec pour s’assurer que le système universitaire francophone reçoive sa juste part du financement public et privé total de toutes les universités au Québec. On aurait pu penser qu’un tel objectif serait une des mesures favorisées par C-13. Pas pour le CLO : tout ce qu’il a à dire, c’est qu’il appui les universités anglophones dans leurs recours judiciaires contre le PL-96, qui a récemment amendé la Loi 101.

Occasion manquée no. 3.

Les parents anglophones qui choisissent d’envoyer leurs enfants dans le système francophone

Au moment de leur publication en novembre 2022, nous avons appris avec déception que, en moyenne, un quart des enfants admissibles à l’éducation en anglais au Québec n’ont jamais fréquenté une école de la minorité…

Considérant que les écoles anglophones, avec l’appui du CLO, n’obligent pas les finissants de maitriser réellement le français, nous ne sommes pas surpris que de nombreux parents anglophones envoient leurs enfants dans le système francophone. Mais PAS le CLO, il est plutôt déçu. Alors, il interprète l'article 23 de la Charte canadienne comme non seulement accordant un droit constitutionnel aux anglophones, mais en imposant un genre d'obligation morale aux parents anglophones de ne pas envoyer leurs enfants dans le réseau scolaire francophone.

Occasion manquée no. 4.

Un appui inconditionnel à l’élite anglophone

J’applaudis votre engagement et votre dévouement à défendre vos droits linguistiques… les communautés d’expression anglaise du Québec sont des exemples de résilience et de ténacité… je publierai prochainement un rapport qui mettra en lumière certains de ces défis… J’ai pleinement confiance en votre leadership

Le CLO termine son discours en réaffirmant son appui sans réserve aux chefs du système scolaire anglophone et à leur politique de confrontation judiciaire. Pas un mot sur les organismes anglophones qui se sont retirés du QCGN à cause de cette approche de confrontation. Pas de critique sur la politique des membres du QESBA de ne pas obliger leurs finissants d’avoir une réelle maitrise du français.

Occasion manquée no. 5.

Les anglophones du Québec sur le point de disparaitre

Enfin, je tiens à souligner que les communautés d’expression anglaise du Québec sont des exemples de résilience et de ténacité. Malgré les défis
auxquels elles sont confrontées, elles continuent de s’affirmer pour  maintenir leur identité linguistique et culturelle vivante et dynamique.

Alors la langue et la culture des anglophones du Québec sont donc en voie de disparition, et le fait qu’elles soient encore VIVANTE est à saluer. Voici le mythe de la victimisation, selon lequel les Québécois qui parlent la langue parlée par 98 % de tous les Nord-Américains sont en quelque sorte en danger de disparition.

Quoi dire.

Conclusion

Voici un discours bourré d’occasions manquées et qui refuse d’accepter la nouvelle direction signalée par C-13.

Temps pour un nouveau commissaire?

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Marc Ryan

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