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Article de fond

La langue de travail au fédéral, c'est l'anglais

Marc Ryan

LA THÉORIE

Il est fréquent d'entendre dire que le Canada serait un pays bilingue. Mais le bilinguisme au Canada, surtout une affaire de Québécois.

Quoique la constitution n'utilise pas ce terme, la Loi sur les langues officielles  et la Charte canadienne des droits, officiellement, traitent également l'anglais et le français au Canada, sous-entendu au niveau fédéral.

La présente loi a pour objet : a) d’assurer le respect du français et de l’anglais à titre de langues officielles du Canada, leur égalité de statut et l’égalité de droits et privilèges quant à leur usage dans les institutions fédérales... LLO, art. 2

Le français et l’anglais sont les langues officielles du Canada; ils ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada. Charte, art. 16.

Mais, au niveaux des individus, une faible minorité des canadiens sont bilingues, moins que 18%; voir Bilinguisme officiel au Canada Wikipedia 2 4 2024. Et le taux de bilinguisme est environ 5 fois plus élevé au QC que dans le ROC; voir Le bilinguisme français-anglais au Canada : tendances récentes après cinq décennies de bilinguisme officiel 2023 Statistique Canada. Et la proportion de la population au ROC qui est francophone ne cesse de diminuer, et était de seulement 3.5% en 2021; voir Statistiques sur les langues officielles au Canada 2 4 2024 Patrimoine canadien.

LA RÉALITÉ

Alors, devant ces chiffres, est-il réaliste de viser, sinon d'atteindre, l'égalité de statut des deux langues comme langues de travail au fédéral hors QC.

En théorie, la LLO prétend viser l'égalité de traitement des deux langues comme langues de travail:

Le français et l’anglais sont les langues de travail des institutions fédérales. Leurs employés ont donc le droit d’utiliser, conformément à la présente partie, l’une ou l’autre. Art. 34(1), LLO.

Mais en pratique, cela ne se fait pas. Voici comment une fonctionnaire au fédéral explique la situation sur le terrain. Dans une lettre au journal Le Devoir Anna Pellerin Petrova lève le voile sur la réalité linguistique du gouvernement fédéral au Canada hors-Québec.

Elle explique:

À moins d’un changement radical, les réunions « bilingues » auxquelles j’assisterai continueront d’être une supercherie ne contenant que deux mots de français, « bonjour » et « merci ».

L'auteure explique comment la fonction publique canadienne est dominée par l'anglais. Elle explique:

Comme 82,5 % des fonctionnaires de la RCN, je travaille en anglais. Penser, parler, écrire et lire en anglais, tous les jours, représente un effort mental immense pour moi, malgré mon bilinguisme.

Un enseignant de Gatineau raconte les mêmes défis, que le français des institutions fédérales soit la plupart du temps réduit aux conversations informelles entre francophones à la cafétéria ou autour de la machine à café: 

Dans tous les cas, le principal obstacle que les fonctionnaires fédéraux rencontrent quand ils essaient d’apprendre le français, de maintenir ou de retrouver leur niveau perdu est le suivant : presque tout, dans la fonction publique fédérale, se passerait en anglais, même à Gatineau, en territoire québécois, où sont situés de nombreux édifices gouvernementaux canadiens. En d’autres mots, une fois le niveau linguistique minimal pour obtenir une promotion obtenu, sur le papier, pour la forme, la langue de Molière est perçue par nombre d’employés comme étant inutile...
Mis à part les réunions d’équipe plus ou moins bilingues où le gestionnaire se contentera de saupoudrer un peu de français ici et là, il semble que le français des institutions fédérales soit la plupart du temps réduit aux conversations informelles entre francophones à la cafétéria ou autour de la machine à café, situations de plus en plus rares avec la généralisation du télétravail.
Langue de travail Administration fédéral Anglicisation Le gouvernement fédéral, cette gigantesque machine à angliciser 2024 Yann Leduc Le Devoir

CONCLUSION

En conclusion, nous vous invitons de:

  • prendre connaissance de ce document.
  • de distinguer entre la théorie et la pratique de l'usage du français au fédéral hors Québec.; et
  • de comparer la langue de travail des employés dans l'administration gouvernemental du QC, qui est officiellement unilingue français, avec la langue de travail des employés dans l'administration gouvernemental fédérale hors-Québec, qui est officiellement bilingue. Est-ce-qu'il y a en pratique une grande différence entre les deux dans l'usage des deux langues au travail?

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Marc Ryan

Auteur

Mots-clés

  • Bilinguisme,
  • loi sur les langues officielles,
  • Charte canadienne des droits et libertés,
  • Langue de travail,
  • Anna Pellerin Petrova,
  • Loi 101,
  • Yann Leduc,
  • Bilingualism,
  • Official languages Act,
  • charter of rights and freedoms,
  • Language of work,
  • Bill 101